Les français mangent moins de viande, tension sur le marché des oeufs, prolongation du SRP+10

ACTUALITÉS AGROALIMENTAIRE

Salomé Charrigton

3/23/20253 min read

1. Les Français mangent moins de viande… mais veulent mieux !

53 % des Français ont réduit leur consommation de viande

C’est le chiffre phare du baromètre 2025 publié par le Réseau Action Climat et Harris Interactive. Oui, plus d’un Français sur deux a diminué sa consommation de viande ces trois dernières années. Un chiffre stable par rapport à 2023, mais qui en dit long sur une évolution sociétale de fond.

Mais attention : 30 % des Français mangent encore de la viande tous les jours, et seuls 3 % l’ont totalement bannie de leur alimentation. On parle donc plus d’un “moins” que d’un “sans”.

🧠 Économie, santé, environnement : les raisons du changement

Pourquoi mange-t-on moins de viande ?

  • 52 % pour des raisons économiques (eh oui, l’inflation pèse toujours…)

  • 38 % pour des raisons de santé

  • 35 % pour l’environnement

  • 33 % pour le bien-être animal

Ce qui est notable : la dimension économique recule, tandis que les raisons de santé et d’écologie progressent. En clair, manger moins de viande devient un choix de conviction, pas juste une contrainte budgétaire.

💡 Réduire, oui… mais pour mieux consommer

Et ceux qui n’ont pas (encore) réduit leur conso ? Beaucoup se disent prêts à le faire si cela permet :

  • d’acheter de la viande de meilleure qualité

  • de soutenir les éleveurs français

  • de réduire les importations

Autrement dit, le “moins” s’accompagne de l’envie de “mieux”.

🌱 Vers quelles alternatives se tournent les Français ?

Le trio de tête des substituts :

  1. Les légumineuses – plébiscitées par 78 % des sondés

  2. Les céréales et graines (73 %)

  3. Les aliments peu transformés (60 %)

En revanche, les algues, insectes ou simili-carnés ultra-transformés peinent encore à convaincre.

Pourquoi les légumineuses ont-elles la cote ? Parce qu’elles sont :

  • nutritives

  • accessibles

  • faciles à cuisiner

  • … et qu’elles sentent bon le terroir français. Cocorico.

✅ Moins de viande, plus d’acceptabilité

Aujourd’hui, dire qu’on mange moins de viande n’est plus perçu comme marginal, bien au contraire. C’est un choix responsable, moderne, et soutenu par la science.

🔎 L’ANSES l’a confirmé récemment : un régime végétarien bien construit peut être bénéfique pour la santé, même si certains points de vigilance (carences) doivent être surveillés.

2. Ruptures d'œufs : pas de pénurie, mais une vraie tension

Vous avez remarqué des rayons vides côté œufs ? Vous n’êtes pas seuls. Mais pas de panique : il ne s’agit pas d’une pénurie, seulement d’une tension logistique. La production française reste stable, selon les professionnels.

📈 Une demande qui explose

Depuis deux ans, la consommation d’œufs a grimpé de 4 à 5 %. Pourquoi ?

➡️ Parce que l’œuf est la protéine animale la moins chère du marché. En pleine inflation, c’est une alternative logique à la viande.

🐔 Des modes d’élevage en mutation

Les éleveurs réduisent les élevages en cage pour passer au plein air ou au bio. Bonne nouvelle pour le bien-être animal, mais cette transition ralentit temporairement la production.

❄️ L’hiver joue aussi son rôle

Moins de lumière = moins de ponte. Un classique, mais qui pèse dans la balance.

🇺🇸 Et aux États-Unis ? C’est bien une pénurie

La grippe aviaire a décimé des millions de poules. Résultat ?

  • Une boîte de 12 œufs coûte parfois 12 dollars

  • Des œufs vendus à l’unité dans la rue

  • L’administration Trump a dû importer des œufs d’urgence depuis l’Europe

Un contexte anxiogène qui a poussé les Français à stocker, “au cas où”.

🗣️ Une déclaration a aussi mis le feu aux poudres : Maria Da Silva a évoqué le ramadan pour expliquer les ruptures. Des propos vivement dénoncés, et contredits par les experts : le ramadan n’a rien à voir avec les tensions actuelles.

💸 Des prix stables pour les particuliers, en hausse pour les pros

Les œufs coquille vendus en GMS sont protégés par contractualisation. Les prix devraient donc rester sages. En revanche, dans la restauration et l’industrie agroalimentaire, les prix flambent… et cela pourrait durer jusqu’à fin 2025.

3.Le SRP+10 prolongé jusqu’en avril 2026

Adoptée dans la loi EGAlim en 2018, la règle du SRP+10 empêche les distributeurs de vendre un produit alimentaire à moins de 10 % au-dessus de son prix d’achat.

🎯 Objectif : protéger les producteurs agricoles. Mais dans les faits, cette règle a aussi profité… aux distributeurs.

🧑‍⚖️ Un vote sous conditions

Le 17 mars 2025, l’Assemblée a prolongé le SRP+10… mais avec des limites :

  • Fin prévue le 15 avril 2026

  • Obligation pour les distributeurs de fournir leurs données de marge à la DGCCRF

  • Amende jusqu’à 375 000 € en cas de refus

  • Les industriels réalisant plus de 350 M€ de CA sont aussi concernés

✌️ Deux nouveautés clés

  1. Mise en place d’un coefficient multiplicateur maximum pour limiter les marges abusives.

  2. Un amendement pour rééquilibrer la concurrence entre MDD et PME.

🧴 Et la loi Descrozaille dans tout ça ?

Celle qui limite les promos à -34 % (lessive, couches, shampoing) s’arrête en avril 2026, et les promos remonteront à -40 % dès juillet 2025.